1er épisode : À bien y penser, nous sommes tous des archivistes

Voici le balado : Les voix perdues
1er épisode : À bien y penser, nous sommes tous des archivistes
2e épisode : L’intérêt ne peut être pris pour argent comptant
3e épisode : Sans ma tradition orale, je ne suis rien
4e épisode : Votre vécu compte

À bien y penser, nous sommes tous des archivistes

Comment nous, les millénariaux, et les membres de la diaspora sud-asiatique canadienne, archivons-nous notre vie en ligne? Que diront les historiens des vestiges numériques que nous laissons derrière nous dans les médias sociaux, disons, dans 100 ans? Alisha nous présente le projet Gwillim — un corpus de recherches conservé à l’université McGill, qui nous donne un aperçu de la société indienne du XIXe siècle. Suivez-la alors qu’elle tente de trouver du sens dans une pile de lettres et de dessins coloniaux tout en interrogeant sa propre mixité. Elle est assistée d’Olivia Bowden, reportrice au Toronto Star, de Shetu Modi, réalisateur vidéo à ET Canada et de Sahaj Kohli, fondatrice de Brown Girl Therapy.

Transcription

[thème musical]

ALISHA : Vous êtes à l’écoute de Les voix perdues : une page inédite de l’histoire de la diaspora sud-asiatique, un balado sur la démythification des archives et de l’expérience sud-asiatique au Canada. Je m’appelle Alisha. Originaire de Toronto, je suis journaliste et éditrice. Je m’intéresse aux formules narratives et à leur façon de se frayer un chemin pour survivre au sein de l’économie de l’attention et d’avoir un retentissement durable. Merci de vous joindre à moi! Maintenant, laissez-moi vous expliquer de quoi il retourne.

[la musique s’estompe, puis s’accentue]

ALISHA : Parlons d’abord du projet Gwillim, une initiative de recherche de l’Université McGill, à Montréal, et sorte d’archive numérique où sont réunies des lettres et des illustrations venant du monde entier et qui repose sur la vie des sœurs Gwillim — deux Anglaises vivant dans le Madras du XIXe siècle, en Inde. McGill possède beaucoup de pièces d’archives datant de cette époque, tout comme le South Asia Museum du Royaume-Uni. Ils ont l’album qu’une des deux sœurs a envoyé chez elle et la British Library détient une pile impressionnante de lettres des sœurs Gwillim, qui composent une bonne partie de ces pièces d’archives. Leurs lettres nous donnent un aperçu de la vie en Inde coloniale. Aujourd’hui, elles seraient l’équivalent de deux jeunes blanches du Royaume-Uni voyageant en Inde, sac au dos, après avoir décroché leur diplôme. Évidemment, elles documenteraient tout, tout, tout sur les médias sociaux. Je vois d’ici les photos prises sur leur cellulaire : des centaines d’égoportraits sur la plage, de jolies photos de fleurs et de petites rues étroites, et des photos prises sous un angle parfait de la tenue vestimentaire du jour devant un édifice coloré. Une des sœurs était même une ornithologue amatrice! Dans le fond, les sœurs Gwillim et moi, nous nous ressemblons. Leurs lettres décrivent avec force détails les vêtements qu’elles portaient, le temps qu’il faisait et les bals et soirées auxquels elles ont assisté. C’est ce que je ferais moi aussi, probablement sous forme de longs reportages sur Instagram. Bon, ça va, ce sont les pires! Mais vous voyez ce que je veux dire. Écoutez ce qu’a écrit Mary Gwillim dans son journal sur sa vie sociale bien remplie :

VOIX HORS CHAMP : On donne très souvent des dîners et des bals, et la musique de danse est aussi agréable à entendre que celle à laquelle on s’attendrait sous un climat chaud, car les pièces sont très ouvertes et les soirées sont fraîches et exquises. Dans la plupart des salles à manger, deux hommes se tenant dans des coins opposés de la pièce agitent d’énormes éventails en forme de drapeaux colorés et faits de divers tissus qui, une fois humides, dégagent un parfum très agréable et rafraîchissent beaucoup la pièce. Pendant le dîner, des serviteurs se placent derrière la plupart des dames à cette fin. On fait vraiment tout pour éviter que nous souffrions de la chaleur.

ALISHA : Bon, c’est sûr que je ne dispose pas de mon propre agitateur d’éventail chez moi, mais une chose est sûre : on me parle d’une période de l’histoire indienne telle que l’ont vécue deux Anglaises. Je ne suis pas historienne, mais tout le monde sait que l’histoire qu’on nous a enseignée à l’école, et qui l’est encore, a été écrite par les colonisateurs. Bien sûr, des membres de la société indienne de l’époque ont eux aussi laissé de la documentation historique, mais peu de bibliothèques et de collections d’archives occidentales en possèdent. Certaines bibliothèques indiennes en ont peut-être conservé, mais ne la diffusent généralement pas en ligne. Imaginons que vous avez mis la main sur certains de ces documents. Il y a de bonnes chances qu’ils soient en télougou, la langue parlée à Madras à l’époque. La documentation disponible pour en apprendre plus sur votre propre histoire culturelle est donc essentiellement d’origine coloniale. J’en ai discuté avec Victoria Dickenson, la professeure de l’Université McGill qui a obtenu la subvention pour le projet Gwillim. Elle préconise une présentation plus inclusive de l’Histoire, surtout dans les musées.

VICTORIA : Vous savez, nous étudions souvent les témoignages des colons, ou même des visiteurs, mais nous essayons de voir au-delà afin de trouver ce qui s’est réellement passé. S’il n’y a rien de consigné, pas de document écrit ou même oral ni d’archives optiques de ces temps anciens, comment peut-on en découvrir l’histoire? La réponse, c’est : avec ce qui reste. En un certain sens, c’est ce que nous pourrions faire ici. Peut-on voir au-delà des textes et des images pour en savoir plus? Il ne nous est pas permis de modifier la majeure partie de ces descriptions. Nous n’y sommes pas autorisés. En fait, les sœurs Gwillim ont eu un accès privilégié à cette société. Elles connaissaient un peu la culture locale et la langue; elles étaient des observatrices empathiques. C’est donc la perspective que nous avons adoptée. Que pouvons-nous apprendre? Nous avons été fortement inspirés — du moins je l’ai été — par une conférence donnée récemment à Kew Gardens et qui portait sur la décolonisation des archives et sur la façon de le faire. Dans ce cas-ci, nous parlons de listes de végétaux archivées. Vous savez, des registres de jardin? Comment fait-on pour les décoloniser? Après avoir dépouillé toutes ces archives rédigées par des Britanniques, une jeune femme a constaté qu’elles contenaient les registres des jardiniers; ils étaient presque tous Indiens. Y étaient recensés des détails sur leurs maladies, leurs congés, leurs familles, etc. Elle a donc pu recréer la vie des jardiniers indiens ayant vécu vers la fin du XIXe siècle grâce à ces dossiers d’emploi coloniaux vraiment rudimentaires. C’est de cela qu’il s’agit également. De cette idée que nous pouvons voir les choses d’un autre œil, sous un angle qui enrichit notre connaissance du monde simplement grâce à ces textes. C’est ce que nous tentons de faire.

[la musique s’accentue]

ALISHA : Comme Victoria l’a dit, la « décolonisation » d’archives, même avec un savoir-faire universitaire, exige beaucoup de travail, de la disponibilité et une ouverture d’esprit permettant de prendre acte des autres visions du monde, mais ce désapprentissage n’est pas réservé au milieu universitaire. Il touche aussi mon industrie, celle des médias. J’en ai discuté avec Olivia Bowden, reportrice au Toronto Star, et Shetu Modi, réalisateur vidéo de Toronto.

 

ALISHA : Il y a vraiment eu une augmentation des magazines consacrés aux communautés sud-asiatiques tels que Brown Girl Magazine, The Juggernaut et The Aerogram dans les médias. Il est très important que leurs reportages se concentrent sur l’expérience des gens à la peau brune. C’est évident. Ils ont la particularité de normaliser et de valider notre vécu. Et je crois que vous accordez tous les deux la priorité aux voix marginalisées dans vos reportages. Dans le fond, ce que je trouve intéressant, c’est que dans ce balado, nous étudions ces recherches coloniales par la lentille universitaire. Pour les gens de notre industrie qui comme moi ne sont pas des universitaires, y a-t-il un moyen de créer une sorte de plan pour les archivistes qui travaillent dans des bibliothèques et qui ont accès à ces recherches très préliminaires? Est-il possible qu’ils demandent l’aide de l’industrie des médias pour isoler les voix qui sont souvent celles de personnes blanches? Parce que nous nous efforçons tellement de faire en sorte que les gens de couleur et les communautés sous-représentées ne restent pas dans la marge.

OLIVIA : Bonjour, je m’appelle Olivia Bowden. Je suis rédactrice au Toronto Star. C’est vraiment important parce que je crois que les historiens ont le même problème que les journalistes; ils sont majoritairement de race blanche. Je crois donc que le recours à une telle lentille n’est pas souhaitable. S’ils lisent The Juggernaut par exemple et qu’ils y voient ce type de formatage, je crois que ce qui pourrait aider, c’est qu’ils fassent appel à une plus grande diversité d’universitaires dès le départ. Comme ils n’ont pas votre perception du monde, ils n’auront pas la même réaction instinctive que vous et ils devront vraiment tout faire pour s’écarter d’une vision eurocentrique de l’histoire, surtout si les documents sont rédigés dans une perspective caucasienne. Je crois donc qu’ils devront faire preuve d’un très grand sens critique et adopter une méthode différente de celle qu’ils utilisent habituellement. C’est important.

SHETU : Bonjour, je m’appelle Shetu Modi. Je suis écrivaine, réalisatrice et éditrice. Je suis d’accord. Si les équipes universitaires étaient plus diversifiées, ce serait déjà mieux, surtout parce que selon moi, les universitaires de race blanche n’auraient pas accès aux mêmes communautés ni aux mêmes groupes que nous sur Facebook. Par exemple, je suis membre sur Facebook d’un groupe de personnes autochtones, noires et de couleur consacré à la télévision et au cinéma, ainsi que du groupe South Asians in Entertainment. De toute évidence, ces groupes s’adressent uniquement aux membres des minorités visibles et aux Sud-Asiatiques qui peuvent s’y exprimer plus librement. Comme les universitaires sont essentiellement de race blanche, je ne crois pas qu’ils auront accès à la moindre de ces conversations ou qu’ils auront même conscience de leur existence.

[la musique s’accentue]

ALISHA : En tant que Canadienne d’origine sud-asiatique de deuxième génération, je me demande souvent ce que signifie avoir la peau brune. Ma mère est une Indienne qui a grandi au nord de l’Alberta. Personne dans son entourage ne lui ressemblait. Il n’y avait pas d’autres familles sud-asiatiques dans les Prairies au début des années 1960. À l’époque, un fringant politicien québécois, Pierre Elliott Trudeau — vous en avez peut-être entendu parler — avait envoûté la nation. Il favorisait des politiques d’immigration moins restrictives et avait intégré le multiculturalisme à l’identité nationale canadienne. La trudeaumanie transformait le paysage culturel du pays. [clips of crowds cheering for Pierre Trudeau fades in] La gauche était hypnotisée, la droite levait les yeux au ciel. Ce jeune politicien était souvent entouré d’une foule de jeunes enthousiastes. Le Canada, un pays de bûcherons, de fermiers et de pêcheurs, était en mutation. Mon père est né et a grandi en Inde. Après avoir reçu son diplôme à New York, il a rencontré ma mère. Ils se sont mariés à Ottawa où je suis née. Quand j’interroge mon père sur son enfance, j’entre dans un monde qui me semble irréel. Il est allé dans un pensionnat à Nainital, une ville touristique himalayenne, à sept heures de route de chez lui, à Delhi. Il m’en parle toujours comme s’il s’agissait de Poudlard, le grand hall du pensionnat étant identique à celui de cette école. Lorsque nous pourrons voyager à nouveau, Nainital est le premier endroit où je veux aller. Rien n’est plus éloigné de moi que le lieu de naissance de mon père, c’est sûr, mais je tiens à le voir de mes propres yeux. Je suis certaine que tous les enfants d’immigrants me comprennent.

[la musique s’estompe]

ALISHA : Les personnes sud-asiatiques ont toutes des vécus différents. Nous sommes tous des Sud-Asiatiques, mais aucun de nous ne s’identifie de la même manière à ses origines, même si nous partageons certaines expériences. Sur une note plus légère, j’aime beaucoup discuter avec d’autres Sud-Asiatiques, notamment des excentricités de nos familles pour préserver leurs histoires personnelles. Par exemple, même si lui-même n’en est pas totalement convaincu, sa sœur qui habite en Inde m’a affirmé que la date de naissance inscrite sur son passeport n’est pas la bonne. Ses parents ont probablement dû la modifier pour qu’il puisse être admis au bon pensionnat et au bon moment de façon à aller à l’école avec ses frères et sœurs. Ça arrive très souvent. Je suis certaine que ça parle à beaucoup de gens.

OLIVIA : Oui, absolument. C’est le cas de mon grand-père aussi. Je crois que la date de naissance inscrite sur son passeport est la même que celle de trois de ses frères et sœurs. On dirait que le hasard a voulu qu’ils naissent tous le même jour, mais c’est surtout pour qu’il puisse entrer à l’école plus tôt.

SHETU : Nous ne savons même pas quand ma grand-mère est née. Ce devait être vers 1914, mais sa naissance n’est documentée nulle part. Nous croyons sans en être certains qu’elle avait 89 ans à son décès en 2003.

ALISHA : Il doit y avoir des photos, sûrement très peu, de mon père à l’époque, mais je ne les ai jamais vues. Les témoignages photographiques n’étaient vraiment pas une priorité dans ces années-là. L’existence de mon père est donc une parcelle de réalité, le produit des récits racontés par ses proches. Cela dit, je garde de bons souvenirs de mon père immortalisant sur vidéo tous mes récitals de danse et de piano lorsque j’étais enfant. Toutes les fêtes d’anniversaire et vacances en famille étaient pour lui l’occasion de prendre sa voix de narrateur et de documenter tous les événements petits et grands. Il était très fier de voir que son caméscope entrait parfaitement sans son sac de cuir. Mon père n’est pas très porté sur les médias sociaux, mais son caméscope était certainement son moyen à lui de préserver notre enfance à jamais.

VOIX HORS CHAMP : Le coffre de l’auto est plein. Nous sommes en août 2003, à Calgary. C’est la deuxième journée de nos vacances. Nous allons traverser les Rocheuses pour nous rendre à Vancouver, par la Route 1. Si tout va bien, le trajet devrait durer une dizaine d’heures. Il fait un temps superbe, sans aucun nuage.

ALISHA : Contrairement à mon père, ma mère a plein d’albums de photos de son enfance. Quand je les regarde, ils me rappellent qu’elle a grandi dans un Canada très différent de celui où j’ai moi-même grandi. Il est amusant de réaliser que ces photos soigneusement rangées sur une étagère recueilleraient probablement des centaines de « j’aime » sur Instagram. Des amateurs pour un jeudi nostalgie? Est-ce que les gens font encore cela? Sahaj Kohli est la fondatrice de Brown Girl Therapy, la première et la plus importante communauté de santé mentale destinée aux enfants d’immigrants. Vous pouvez la trouver à @browngirltherapy sur Instagram. Nous avons discuté de l’utilisation des médias sociaux par les millénariaux et la diaspora sud-asiatique. Ça va beaucoup plus loin que des « j’aime ».

SAHAJ : En tant que personnes biculturelles ou multiculturelles, nous sommes sans cesse tiraillés entre au moins deux cultures et condamnés à composer avec elles. Il est évident que notre entourage influence notre sentiment d’appartenance à une identité, à une culture et comment nous voulons être vus et perçus. Les êtres humains que nous sommes sont tous motivés par quelque chose, non? Que ce soit par la performance, le pouvoir ou le changement, nous avons tous nos motivations. Mais pour beaucoup d’entre nous qui naviguons entre plusieurs cultures et identités, l’appartenance est aussi une motivation. Nous sommes nombreux à avoir grandi dans un milieu familial où nous devions nous comporter d’une certaine façon, respecter certaines valeurs et cacher certains aspects de notre culture ou de notre histoire pour éviter d’être victimes d’intimidation à l’école. D’ailleurs, notre besoin d’appartenance transparaît dans les espaces en ligne. Nous avons tous besoin de nous sentir acceptés, d’avoir un sentiment d’appartenance. On peut être pour ou contre les médias sociaux, mais s’il y a une chose que j’ai vraiment aimée en tant que millénariale, c’est l’afflux de communautés identitaires et culturelles qui les fréquentent. Ces espaces permettent aux gens d’explorer sans trop s’exposer. Vous pouvez rester anonyme, ne jamais commenter ou participer aux conversations et vous contenter de les lire, de consulter les contenus ou les ressources proposées et quand même vous interroger. Est-ce que ça me ressemble? Quelle impression cela me laisse-t-il? Est-ce que ça me fait du bien? Est-ce que je veux participer plus à ces conversations? Est-ce vrai que je ne m’y retrouve pas? Cela nous éclaire tellement sur le plan personnel, sur notre relation avec nos identités et nous permet de réfléchir sur ce que signifie revendiquer notre identité. Je crois que notre besoin d’appartenance nous pousse à chercher des personnes qui nous ressemblent, qui s’expriment comme nous et qui ont vécu les mêmes choses que nous. Je vois cela partout dans les médias sociaux et je suis certaine que ce peut être un merveilleux moyen pour nous d’établir notre propre valeur, de définir qui nous sommes et ce que nous voulons être.

[la musique s’accentue]

OLIVIA : Quand je suis devenue adulte au cours des dernières années, il m’a semblé très très important de m’ouvrir à mon héritage sud-asiatique parce que c’est la moitié de mon ADN. Ma mère est sud-asiatique et mon père est un Blanc ayant des racines britanniques et irlandaises. Pendant mon enfance, nous avons toujours été plus proches de la branche indienne de la famille. Toute ma vie, je suis allée au temple, j’ai respecté toutes sortes de traditions, j’ai célébré la puja avec ma grand-mère. Je passe facilement pour une Blanche et mon prénom, Olivia, est plutôt un prénom de Blancs. J’ajoute mon deuxième prénom au nom que j’utilise sur Twitter pour montrer d’où je viens; c’est une partie essentielle de mon identité. C’est très important pour moi que mes collègues de travail, mes amis, tout le monde reconnaissent cette part de moi, de mes racines aussi. C’est pour cela que je mentionne mon nom au complet dans ma bio sur Twitter.

[la musique s’accentue]

ALISHA : Ce n’est peut-être pas grand-chose, mais quand nous nous présentons ainsi sur les médias sociaux, surtout sur Twitter en tant que journalistes, nous alimentons nos archives professionnelles. Les futurs employeurs nous lisent, nos anciens collègues suivent notre travail et nous manifestons notre présence dans ce vaste salon virtuel où tout le monde dit la même chose, mais en d’autres mots. Même si nos interventions sur Twitter sont éphémères, tout ce que nous publions sur nos comptes devient une pièce d’archives que nous le voulions ou pas. Les médias sociaux sont mon système d’archivage personnel. Je crois qu’Instagram est vraiment devenu un outil pour documenter l'histoire, notre propre histoire, et un endroit accessible pour revendiquer nos origines.

ALISHA : Les comptes dans les médias sociaux, comme le balado The Brown History, Sikh Archive et Lost Here Project, n’ont pas cessé d’augmenter. Ces comptes et balados des médias sociaux ont tous quelque chose en commun : ils relatent encore et encore l’expérience sud-asiatique, mais par la voix des millénariaux. Comme la diaspora sud-asiatique est très diversifiée et étendue, ces comptes servent à documenter nos riches histoires plurielles d’une manière nouvelle et accessible. Pourquoi croyez-vous que ce soit si important maintenant?

SAHAJ : Toutes les communautés marginalisées en sont à cette étape, où elles revendiquent leur identité, n’est-ce pas? En ce sens que ça remonte jusqu’à l’époque où les peuples indigènes ont été dépouillés de leurs terres, de leur culture et de leurs populations. Je crois que nous sommes dans une mouvance politique et sociale, où chaque génération y compris la jeune génération Z revendique son identité, se bat pour la justice sociale et se porte à la défense d’intérêts sociaux, ce qui touche automatiquement à l’identité, la culture et la communauté. En tant que millénariale très suivie sur les médias sociaux, surtout par d’autres millénariaux, je constate parfois que nous sommes nombreux à ne pas avoir accès à notre propre histoire, sans parler de l’histoire authentique de notre communauté en général ou de celles de nos ancêtres à cause de la colonisation, d’un manque de ressources concrètes et même de l’impossibilité d’avoir accès à la tradition orale dans nos familles. Les comptes dont vous avez parlé nous permettent d’en apprendre plus sur nos ancêtres, de ressentir un lien avec notre lieu d’origine, de comprendre notre propre traumatisme intergénérationnel ou nos récits intergénérationnels. Les histoires transmises pendant des siècles au sein de nos communautés et de notre culture, j’y reviens toujours, revendiquent notre identité. C’est l’objet le plus puissant de notre quête. Ça nous renvoie au rapport d’appartenance, à ce désir de sentir qu’on fait partie d’une collectivité, qu’on y est compris. Nous avons été tellement nombreux à nous sentir déracinés. Plusieurs de ces comptes nous donnent quelque chose où nous accrocher, où nous ancrer. Je trouve ça très fort.

[la musique s’accentue]

ALISHA : Nous n’avons pas de tradition d’écriture, de préservation par des écrits. Ce n’est pas surprenant que nous ne sachions pas combien de temps une personne a vécu. Voyez-vous, quand ma grand-mère, ma Noni, est allée jeter les cendres de mon grand-père dans les eaux du Gange, elle est entrée dans une caverne. Elle y a rencontré un homme qui avait un énorme livre qui devait bien compter un millier de pages. C’était un genre de registre de toutes les personnes qui y étaient passées. Elle y a trouvé une sorte de confirmation de sa filiation ou de son nom de famille pour attester que d’autres personnes des décennies auparavant y étaient venues déposer des cendres. Elle n’avait jamais eu avant cela une preuve que cette autre famille avait réellement existé. Je ne peux m’enlever de la tête que cela a dû être une forte validation pour elle de constater au milieu de cette caverne sainte que le nom de famille de son mari allait se perpétuer. La tenue des registres est tellement fragmentaire, surtout pour la génération de nos grands-parents. Les millénariaux créent des archives sur nos propres ancêtres et je crois que ça se passe surtout dans les médias sociaux. Croyez-vous que, d’une manière ou d’une autre, nous créons des archives de nous-mêmes ou de nos identités de façon intentionnelle ou même inconsciemment?

OLIVIA : Je crois que c’est quelque chose que vous avez mentionné déjà à propos des médias sociaux. Même Instagram a une fonction d’archivage. J’ai l’impression que juste en y affichant des trucs en général, on crée des archives de notre vécu. Quand j’archive mes affichages, je les conserve pour mes propres besoins s’ils remontent à longtemps. C’est un peu mon histoire à moi, mon vécu des dernières années.

SHETU : Je suis d’accord pour ce qui est des médias sociaux. J’ai aussi archivé toute la collection des vidéos de ma famille prises dans les années 1990 et 2000. Ce n’est pas le type d’archives auxquelles tout le monde aura accès, mais elles demeurent un témoignage du mode de vie d’une famille d’immigrants durant ces années-là.

[la musique s’accentue]

ALISHA : Les médias sociaux en général sont aujourd’hui des moyens d’expression, de mobilisation et de résistance. L’art, tel qu’il est diffusé sur Instagram par la diaspora a explosé au cours des dernières années. Il est devenu un nouveau moteur et un trait distinctif de l’activisme contemporain en général. Il sert de point de départ à un engagement plus profond en mobilisant les gens de couleur qui s’approprient en ligne un espace traditionnellement inoccupé. Quand on s’y arrête, toutes les plateformes de médias sociaux sont des outils d’archivage. La plupart des milliers de souvenirs que j’ai enregistrés sur mes appareils numériques, et maintenant dans le nuage, sont des rappels très clairs de mon passé. Quand les algorithmes les font remonter à la surface, ma notion du temps et de l’espace se pervertit. C’était particulièrement criant pendant la pandémie de COVID, pour des raisons évidentes. Pour passer à travers, la majorité d’entre nous étions tenus de rester chez nous. Le temps a perdu de sa substance. Au cours des dernières années, les concepteurs de beaucoup d’applis ont commencé à y intégrer des fonctions qui rappellent aux utilisateurs leurs histoires numérisées, Facebook étant bien sûr le plus évident et le plus influent. En 2015, on y lançait la fonction Vos souvenirs sur Facebook après qu’on ait constaté que les utilisateurs y recherchaient souvent d’anciennes photos et publications. Les notifications vous incitent à regarder à nouveau ces photos affichées deux, parfois même sept ans auparavant et à les rediffuser. En 2016, année du lancement d’iOS 10, Apple ajoutait l’onglet « Souvenirs » à son application photographique. Trois ans plus tard, Google ajoutait une fonction qui permettait d'afficher de vieilles photos en haut de la page, appelée— tenez-vous bien — Souvenirs.

[la musique s’estompe, puis s’accentue de nouveau]

ALISHA : Revenons aux sœurs Gwillim. Imaginons un instant qu’elles aient pu étiqueter les marchés publics qu’elles ont fréquentés, que nous puissions avoir accès à un nuage où toutes leurs photographies et tous leurs écrits sont parfaitement compilés pour que nous puissions les parcourir, les récupérer et les interpréter. La conservation de cette abondance de données personnelles sur nos réseaux et nos agendas, c’est juste notre façon de raconter notre histoire, ou du moins une version de notre histoire. Et si le contenu des archives du passé, comme celles du projet Gwillim, pouvait être raconté de nouveau ou réinventé pour les gens d’aujourd’hui? Quelle forme prendraient-elles? Comment garantir que les voix sud-asiatiques sont celles qui seront entendues en priorité lorsqu’il sera question de cette page de l’histoire indienne? Vous et moi pouvons organiser ce que nous voulons que le monde voie et pense de nous. De la même façon, la compréhension que j’ai de mon héritage indien et de mon ascendance indienne ne peut être comprise que par les quelques privilégiés qui ont été témoins de tout cela il y a des siècles. Nous produisons tellement d’information aujourd’hui que nos capacités de conservation ne peuvent suffire. Les bibliothécaires et les archivistes sont depuis toujours les gardiens de l’Histoire. Tout comme eux, les historiens travaillant sur des projets numériques s’emploient encore à cerner les enjeux de la conservation moderne. Mais comment pouvons-nous assurer la survie des histoires inédites? C’est exactement ce que nous tenterons de comprendre dans cette série.

[la musique s’estompe, puis s’accentue de nouveau]

ALISHA : Merci d’avoir été à l’écoute de Les voix perdues : une histoire inédite de la diaspora sud-asiatique, un balado de l’Université McGill, animé et rédigé par moi-même, Alisha, et produit en collaboration avec editaudio. Mes remerciements vont particulièrement à Ana, Richard, Steph, Lauren, Sophie, Kanika, Victoria, Olivia, Shetu, Sahaj et tous les autres. Dans notre prochain épisode, nous verrons comment le projet Gwillim est devenu l’objet de recherches aussi précieuses et pourquoi cette valeur est si intimement liée à notre compréhension de l’Histoire.

ALISHA : Dans notre prochain épisode, nous verrons comment le projet Gwillim est devenu l’objet de recherches aussi précieuses et pourquoi cette valeur est si intimement liée à notre compréhension de l’Histoire.

 

 

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பகுதி 1: நீங்கள் ஒரு விஷயத்தை யோசித்துப் பார்த்தீர்கள் என்றால், நாம் அனைவருமே ஒரு விதத்தில் ஆவணக் காப்பாளர்களே நீங்கள் ஒரு விஷயத்தை யோசித்துப் பார்த்தீர்கள் என்றால், நாம் அனைவருமே ஒரு விதத்தில் ஆவணக் காப்பாளர்களே நாம், இளைய தலைமுறை, இன்னும் விரிவாக சொல்ல வேண்டுமானால் கனடிய தெற்காசிய புலம்பெயர்ந்தோர், வாழ்வினை ஆன்லைனில் எப்படி காப்பகப்படுத்தப் போகிறோம்? 100 ஆண்டுகள் என்று வைத்துக்கொள்வோம், அதற்குப் பிறகு சமூக ஊடகங்களில் நம்மைப் பற்றி நாம் விட்டுச்செல்லும் டிஜிட்டல் மிச்சமீதிகளைப் பற்றி வரலாற்றாசிரியர்கள் என்ன சொல்வார்கள்? அலிஷா, தி க்வில்லிம் (The Gwillim) திட்டத்தை நமக்கு அறிமுகப்படுத்துகிறார் - இது 1700 -களில் இந்தியாவின் சமூகத்தைப் பற்றிய ஒரு பார்வையை நமக்கு வழங்குகிறது. காலனித்துவ காலத்தில் புழக்கத்தில் இருந்த எழுத்துக்கள் மற்றும் வரைபடங்களின் குவியலில் இருந்து அர்த்தத்தைக் கண்டுபிடிக்க முயற்சித்து, அதில் இடைக்கோடிடப்பட்ட அவரது சொந்த பூர்வீக இனத்தை கேள்வி கேட்கும் அவரைப் பின்தொடர்வோம். இவருடன் டொராண்டோ ஸ்டாரில் நிருபராக இருக்கும் ஒலிவியா பௌடன், ET கனடாவில் வீடியோ தயாரிப்பாளராக இருக்கும் ஷேது மோடி மற்றும் பிரவுன் கேர்ள் தெரபியின் நிறுவனர் சஹாஜ் கோஹ்லி ஆகியோரும் இணைந்து கொள்கின்றனர். தமிழாக்க உரை: [தீம் மியூசிக் இசைக்கப்படுகிறது] அலிஷா நீங்கள் தொலைந்து போன குரல்கள் என்ற தலைப்பிலான வலையொலியை கேட்டுக் கொண்டிருக்கிறீர்கள்: தெற்காசிய புலம்பெயர்ந்தோரின் சொல்லப்படாத கதை, காப்பகங்கள் பற்றிய எளிதான புரிதல் மற்றும் கனடாவில் உள்ள தெற்காசியர்களின் அனுபவங்கள் பற்றிய பாட்காஸ்ட் இது. என் பெயர் அலிஷா! நான் டொராண்டோவில் பத்திரிக்கையாளராகவும் எடிட்டராகவும் பணி செய்கிறேன். கவனத்தைக் கவரும் விதத்தில் எப்படி கதை சொல்லி, அதற்கு உயிர்ப்பு கொடுத்து, நீடித்த தாக்கத்தை ஏற்படுத்துவது என்பது பற்றி நிறைய யோசித்தேன். என்னுடன் இணைந்ததற்கு நன்றி! இந்த நிகழ்ச்சி என்னவென்று இப்போது சொல்கிறேன். [இசை மங்கி, மீண்டும் ஒலிக்க ஆரம்பிக்கிறது] அலிஷா தி க்வில்லிம் (The Gwillim) திட்டம் என்று ஒன்று இருக்கிறது. இது மாண்ட்ரீலில் உள்ள McGill பல்கலைக்கழகத்தில் மேற்கொள்ளப்படும் ஒரு ஆராய்ச்சி் திட்டமாகும், இத்திட்டம் டிஜிட்டல் காப்பகம் போல உலகம் முழுவதும் பரவிக்கிடக்கும் கடிதங்கள் மற்றும் வரைபடங்களை ஒன்றிணைக்கிறது. இத்திட்டம் 19 ஆம் நூற்றாண்டில் இந்தியாவின் மெட்ராஸில் இருந்த க்வில்லிம் சகோதரிகளின் வாழ்க்கையைப் பற்றியது. McGill பல்கலைக்கழகத்தில் அந்த காலகட்டத்தில் இருந்தே காப்பகப் பொருட்கள் வைக்கப்பட்டிருந்தது. இங்கிலாந்தில் உள்ள தெற்காசிய அருங்காட்சியகத்திலும் இவ்வாறு உள்ளன. அவர்களிடம் ஒரு சகோதரியின் ஆல்பமும் உள்ளது. அதை அவர் தன் சொந்த நாட்டிற்கு அனுப்பி வைத்துள்ளார். பிரிட்டிஷ் நூலகம் க்வில்லிம் சகோதரிகளிடமிருந்து ஏராளமான கடிதங்களைப் பெற்றது, அவை இந்த காப்பகப் பொருளின் பெரிய பகுதியை உருவாக்குகின்றன. அவர்கள் அனுப்பிய கடிதங்கள் காலனித்துவ சார்பு இந்தியாவின் வாழ்க்கையைப் பற்றிய ஒரு பார்வையை நமக்கு வழங்குகின்றன. இங்கிலாந்தில் இருந்து நல்ல வசதி படைத்த இரண்டு வெள்ளைப் பெண்கள் பட்டப்படிப்பு முடிந்து இந்தியாவுக்குச் சென்றதை இன்றைய வாழ்வுச் சூழலில் பொருத்திப்பார்க்க விரும்புகிறேன். கண்டிப்பாக, அவர்கள் தங்கள் முழு பயணத்தையும் சமூக ஊடகங்களில் ஆவணப்படுத்துவார்கள். கடற்கரை ஓரங்களில் நூற்றுக்கணக்கான செல்ஃபிகள், பூக்களின் கலைநயமிக்க புகைப்படங்கள், குறுகலான தெருவோரங்கள் மற்றும் வண்ணமயமான கட்டிடக்கலைக்கு முன்னால் மிகச்சரியான கோணத்தில் 'அன்றைய ஆடையணிகளுடன்' புகைப்படங்கள் என்கிறவாறு அவர்களின் புகைப்படங்கள் அவர்களின் மொபைலில் இருக்குமென நான் கற்பனை செய்து பார்க்கிறேன். மேலும் ஒரு சகோதரி பறவை கண்காணிப்பாளராகவும் இருந்திருக்கிறார்! சில விதத்தில், க்வில்லிம் சகோதரிகளும் நானும் ஒரே மாதிரியாகவே இருக்கிறோம். அந்தக் கடிதங்களில், அவர்கள் அணிந்திருந்த உடைகள், சாகசப் பயணங்களில் தட்பவெப்பநிலை எப்படி இருந்தது, கலந்துகொண்ட நடன நிகழ்ச்சிகள், பார்ட்டிகள் போன்றவற்றை மிக விரிவாக எழுதியிருக்கிறார்கள். நானும் அப்படித்தான் - இன்ஸ்டாகிராமின் மிக நீண்ட கட்டுரை தலைப்புகளில் எழுதுகிறேன் என நினைக்கிறேன். சரி, விளையாட்டுக்கு சொன்னேன், அவை மிக மோசமானவை! ஆனால், இப்போது உங்களுக்கு ஓரளவு புரிந்திருக்கும். மேரி க்வில்லிமின் மிகவும் சுறுசுறுப்பான சமூக வாழ்க்கையைப் பற்றிய இந்த டைரி பதிவைக் கேளுங்கள்: வாய்ஸ்ஓவர்: இரவு விருந்துகளும் நடன நிகழ்ச்சிகளும் அடிக்கடி நிகழும், இதமான தட்பவெட்ப நிலையில் நடனமாடுவது என்பது நீங்கள் நினைப்பதை விட மிகவும் இனிமையானதாக இருக்கும், ஏனெனில் அறைகள் பெரும்பாலும் திறந்திருக்கும், மாலைவேளை மிகவும் குளிர்ச்சியாகவும் இனிமையாகவும் இருக்கும். பெரும்பாலான சாப்பாட்டு அறைகளில், கொடிகள் வடிவில் தயார் செய்யப்பட்ட மிகப் பெரிய விசிறிகளுடன் அறையின் எதிர் மூலைகளில் இரண்டு ஆண்கள் நின்றுக்கொண்டிருப்பார்கள். அவ்விசிறிகள் ஓவியம் மற்றும் பித்தளை மூலம் மிகவும் தானியங்கி முறையில் இயங்கின. அவை பலவகைப்பட்ட கைவினைப்பொருட்களால் தயார் செய்யப்பட்டவை, அவை ஈரமாகினால் மிகவும் ஏற்றுக்கொள்ளக்கூடிய வாசனை திரவியத்தை நுகரலாம். இவை அறையை இன்னும் குளிர்ச்சியாக்கின. பெரும்பாலான பெண்களின் இரவு உணவின் போது, அவர்களுக்கு விசிறி விடுவதற்கு அவர்களின் நாற்காலிக்குப் பின்னால் சேவையாளர்கள் நின்றுக்கொண்டிருப்பார்கள். இவ்விஷயங்களை வைத்துப் பார்க்கும்போது, வெப்பத்தினால் எந்த அசௌகரியமும் ஏற்படாமல் தடுக்க பெரும் முயற்சி எடுக்கப்படுவதை நீங்கள் புரிந்து கொள்ளலாம். அலிஷா: எனவே தனிப்பட்ட முறையில் விசிறி வீசுபவர்களைக் கொண்டிருப்பது பொதுவாக மாறுபட்ட அனுபவங்களை நமக்குத் தருகிறது. ஆனால் இந்த பழைய பொருள் அனைத்திலும் வலிமிகுந்த தெளிவான ஒரு விஷயம் இருக்கிறது: நான் இந்திய வரலாற்றின் ஒரு காலகட்டத்தைப் பற்றி இங்கிலாந்தில் இருந்து சென்ற இரண்டு சகோதரிகளின் பார்வையின் மூலம் அறிந்து கொள்கிறேன். நான் வரலாற்று பாடத்தை முதன்மையாக எடுத்து படிக்கவில்லை. ஆனால் நாம் பள்ளியில் கற்றுக்கொண்ட வரலாற்று செய்திகளின் மூலமும் இது பற்றி நமக்கு நன்கு தெரிகிறது, இத்தகைய காலனித்துவ ஆதாரங்கள் மூலமும் இன்னும் இவற்றைப் பற்றி கற்றுக்கொண்டு இருக்கிறோம். இந்தியாவில் அப்போது இருந்தவர்கள் இந்த காலப்பகுதிக்கான வரலாற்று தகவல்களை நிச்சயமாக ஆவணப்படுத்தி வைத்திருக்கிறார்கள். ஆனால், பல மேற்கத்திய நூலகங்கள் மற்றும் காப்பகங்களில் இந்தத் தகவல் ஆதாரங்கள் எதுவும் இல்லை. இந்தியாவில் உள்ள நூலகங்களில் இந்தத் தகவல் ஆதாரங்கள் இருக்கலாம், ஆனால் அவை ஆன்லைனில் கிடைப்பதில்லை. அத்தகைய தகவல் ஆதாரங்கள் உங்கள் கைக்கு கிடைக்கிறது என்று வைத்துக்கொள்வோம். அது தெலுங்கு மொழியில் இருக்க வாய்ப்புள்ளது, ஏனெனில் அந்தக் காலக்கட்டத்தில் மதராஸில் தெலுங்குதான் உள்ளூர் மொழியாக இருந்தது. எனவே காலனித்துவ ஆதாரங்கள் மூலம் உங்கள் சொந்த கலாச்சார வரலாற்றைப் பற்றி அறிந்துகொள்ளும் வாய்ப்பு எவ்வளவு குறைவாக உள்ளது என்பதை நீங்கள் பார்க்கலாம். நான் விக்டோரியா டிக்கன்சனுடன் பேசினேன், அவர் McGill பல்கலைக்கழகத்தில் பயிற்சிப் பேராசிரியராக இருக்கிறார், அவர் க்வில்லிம் திட்டத்திற்கான மானியத்தைப் பெற்றுள்ளார். குறிப்பாக அருங்காட்சியகங்களில், வரலாறு எவ்வாறு முன்வைக்கப்படுகிறது என்பது அதிகம் சேர்க்கப்பட வேண்டுமென்று அவர் வாதிடுகிறார். விக்டோரியா நீங்கள் பெரும்பாலும் குடியேறியவர்களை அல்லது பார்வையாளர்களைப் பயன்படுத்துகிறீர்கள், ஆனால் அவற்றின் நிஜத்தன்மையை அறிய அவர்களைத் தாண்டியும் ஆராய முயற்சி செய்கிறீர்கள், ஆரம்பகால ஆதாரங்கள் குறித்து எழுதப்பட்ட பதிவுகளோ உரைப் பதிவுகளோ இல்லை என்றால், வாய்மொழிப் பதிவுகள் கூட இல்லை என்றால், காட்சிப் பதிவுகள் எதுவும் இல்லை என்றால், இந்த ஆரம்பகால வரலாறு குறித்த தகவலை எப்படிப் பெறுவீர்கள்? எவை மீதமுள்ளதோ அதையே நீங்கள் பெற முடியும். ஒரு வகையில், அதைத்தான் நம்மாலும் இங்கே செய்ய முடியும். இன்னும் நிறைய விஷயங்களைத் தெரிந்து கொள்ள இந்த உரை மற்றும் புகைப்படங்களை இன்னும் ஆழமாக சென்று பார்ப்போமா? இவை பெரும்பாலும், நாம் இணைத்துப் பார்க்க அனுமதிக்கப்படாத விளக்கங்கள். இந்தப் பதிவுகளை இணைத்துப் பார்ப்பதற்கு நமக்கு அனுமதி இல்லை. எனவே, உண்மையில் சொல்லப்போனால், அந்த க்வில்லிம் சகோதரிகள் சமூகத்தில் இந்த வகையான சலுகை பெற்ற கண்ணோட்டத்தைக் கொண்டிருந்தனர். அவர்களுக்கு உள்ளூர் கலாச்சாரம் மற்றும் மொழி பற்றிய புரிதல் இருந்தது. அவர்கள் பரிவிரக்கமுடைய அவதானிப்பாளர்களாக இருந்திருக்கிறார்கள். அந்தக் கண்ணோட்டத்தில்தான் நாமும் இப்போது பார்க்கப்போகிறோம். நாம் இவற்றிலிருந்து என்ன கற்றுக்கொள்ளலாம்? கியூ கார்டனில் நடந்த ஒரு மாநாடு எங்களை மிகவும் கவர்ந்தது - இல்லையென்றால் சமீபத்தில் நடந்த இந்த மாநாடு என்னை கவர்ந்தது என்றும் சொல்லலாம் - அந்த மாநாட்டில் இந்தக் காப்பகங்களின் காலனித்துவத்தை எப்படி நீக்குவது என்பது பற்றியும், அதை அவர்கள் எப்படி செய்கிறார்கள் என்பது பற்றியும் பேசினார்கள். நாம் இப்போது தாவரப் பட்டியல்கள் காப்பகங்கள் பற்றி பேசுகிறோம். உங்களுக்குத் தெரியுமா? தோட்டங்களின் பதிவுகள். அதன் காலனித்துவத்தை நீங்கள் எப்படி நீக்குவீர்கள்? ஒரு இளம் பெண் என்ன செய்தார் என்றால், அவர் அனைத்து காப்பகங்களையும் அலசிப்பார்த்தார் - ஆங்கிலேயர்களால் எழுதப்பட்ட காப்பகங்களில், தோட்டக்காரர்களின் இந்த பதிவுகள் அனைத்தும் இருந்தன - அந்தத் தோட்டக்காரர்கள் முதன்மையாக இந்தியர்களாகவே இருந்தனர் - அனைத்தும் அல்ல, முதன்மையாக இருந்தனர். அவர்களுக்கு இருந்த சுகமின்மை, அவர்களின் ஓய்வு நேரம், அவர்களின் குடும்பங்கள் என அனைத்து வகையான விஷயங்களும் அதில் இடம்பெற்று இருந்தன. உண்மையான, அடிப்படையான விஷயங்களைக் கொண்ட, வேலைவாய்ப்பு பற்றிய இந்தக் காலனித்துவ பதிவுகளை வைத்து அவரால் 19 ஆம் நூற்றாண்டின் தொடக்கத்தில் இருந்த இந்திய தோட்டக்காரர்களின் வாழ்க்கையை மீண்டும் கட்டமைக்க முடிந்தது. ஆக, இதுவும் அப்படித்தான். இத்தகைய உரைகளை வைத்து உலகத்தைப் பற்றிய நமது அறிவை விரிவுபடுத்தும் வித்தியாசமான கண்ணோட்டத்தை நாம் ஏன் பெறக்கூடாது என்ற எண்ணம் தோன்றியது? எனவே இதைத்தான் நாம் செய்ய முயற்சிக்கிறோம். [இசை மெல்ல மெல்ல ஓங்கி இசைக்கிறது] அலிஷா விக்டோரியா சொன்னது போல, அவரது கல்வி நிபுணத்துவத்தை வைத்து ஒரு காப்பகத்தை "காலனித்துவ நீக்கம்" செய்யும் செயல்முறைக்கு அதிகம் உழைக்க வேண்டும். இதற்கு வெளிப்படையான மனப்பான்மை மற்றும் உலகத்தைப் பற்றிய பிறருடைய கண்ணோட்டத்தைப் பாராட்டக்கூடிய மனப்போக்கு தேவை. ஆனால் இதனைப் புறக்கணிப்பது கல்வித்துறைக்கு மட்டும் புதிதல்ல. இது எனது தொழில்துறையிலும் - ஊடகத்துறையிலும் நடக்கிறது. டொராண்டோ ஸ்டாரின் நிருபர் ஒலிவியா பௌடன் மற்றும் டொராண்டோவைச் சேர்ந்த வீடியோ தயாரிப்பாளரான ஷேது மோடி ஆகியோருடன் நான் இதைப் பற்றி பேசினேன். அலிஷா இதன் எழுச்சி நிச்சயமாக பிரவுன் கேர்ள் இதழ், தி ஜக்கர்நாட், தி ஏரோகிராம் போன்ற தெற்காசியாவை மையப்படுத்திய ஊடகங்களில் காணப்படுகிறது. நிச்சயமாக, இந்த விற்பனை நிலையங்கள் தெற்காசிய அனுபவத்தை தங்கள் அறிக்கையில் மையப்படுத்துகிறார்கள் என்று குறிப்பிடுவது மிகவும் முக்கியம். இந்த விற்பனை நிலையங்கள் நமது வாழ்க்கை அனுபவங்களை இயல்பாக்கி, அவற்றை சரிபார்ப்பதால் இவை சிறப்பு வாய்ந்ததாக திகழுவதாக நான் நினைக்கிறேன். உங்கள் அறிக்கையில் நீங்கள் இருவரும் ஓரங்கட்டப்பட்ட குரல்களுக்கு முன்னுரிமை கொடுப்பீர்கள் என்று நினைக்கிறேன். ஆனால் எனக்கு இதில் சுவாரஸ்யமாக இருப்பது என்னவென்றால், பெரியளவில் சிந்தித்துப் பார்த்தோமேயானால், இந்த வலையொலி மூலம், இந்தக் காலனித்துவ ஆராய்ச்சியை நாம் கல்வி என்ற கண்ணாடி வழியாக பார்க்கிறோம், ஆனால் நாம் கல்வியாளர்களாக இல்லாதிருப்பதால், இந்த முதன்மையான ஆராய்ச்சியில் உண்மையில் தொடர்பில் இருக்கும் நூலகங்களின் காப்பகப் பிரிவில் பணிபுரியும் நபர்களுக்கு ஒரு வகையான வரைபடத்தை உருவாக்க, நமது துறையில் ஏதேனும் வழி இருக்கிறதா? பெரும்பாலும் வெள்ளை இன மக்கள் பேசுவது போல பேசுபவர்களை வெளிக்கொணர ஊடகத் துறைக்கு உதவ அவர்களுக்கு ஏதேனும் வழி இருக்கிறதா அல்லது கிண்டல் செய்ய ஏதேனும் வழி இருக்கிறதா? ஏனென்றால், நாம் செய்யும் பல செயல்கள், நிறமுள்ளவர்கள் மற்றும் குறைவான பிரதிநிதித்துவம் கொண்ட சமூகங்கள் தாழ்த்தப்படவில்லை என்பதை உறுதி செய்கிறது. ஒலிவியா வணக்கம், என் பெயர் ஒலிவியா பௌடன். நான் தி டொராண்டோ ஸ்டாரில் நிருபராக வேலை செய்கிறேன். இல்லை, அது மிகவும் முக்கியம் என்று நான் நினைக்கிறேன், ஏனென்றால் வரலாற்றுத் துறைகளிலும் பத்திரிகை துறையில் இருக்கும் அதே பிரச்சனை உள்ளது என்று நான் நினைக்கிறேன், அதில், பெரும்பான்மையினர் வெள்ளையர், அது உங்களுக்குத் தெரியும். எனவே அந்த மாதிரியான கண்ணாடி மூலம் பார்ப்பது பலனளிக்காது என்று நினைக்கிறேன். அவர்கள் தி ஜகர்நாட்டின் மீடியாவை படிக்கிறார்கள் என்று வைத்துக்கொள்ளுங்கள், அவர்கள் அந்த மாதிரியான கண்ணோட்டத்தில் பார்க்கிறார்கள். அவர்கள் முதல் இடத்தில் பலதரப்பட்ட கல்வியாளர்களைக் கொண்டுவந்தால் அது உதவியாக இருக்குமென்று நான் நினைக்கிறேன், ஏனென்றால் இது உங்களின் உலகக் கண்ணோட்டம் அல்ல என்பதை நான் புரிந்துகொள்கிறேன், எனவே இது உங்களின் உள்ளுணர்வாக இருக்காது. குறிப்பாக ஆவணங்கள் வெள்ளையர்களின் கண்ணோட்டத்தில் இருக்கும் போது, நீங்கள் வரலாற்றை யூரோவை மையமாகக் கொண்டதாக மாற்றாமல் இருக்க நீங்கள் உண்மையிலேயே உங்கள் பாதையை விட்டு விலகிச் செல்ல வேண்டும். அவர்கள் அதை மிகவும் விமர்சன ரீதியாக அணுகி விஷயங்களைச் செய்ய வேண்டுமென்று நான் நினைக்கிறேன், அவர்கள் முக்கியமானது எனக் கருதி வழக்கமாக செய்வதிலிருந்து வித்தியாசமாக விஷயங்களை செய்ய வேண்டுமென்று நினைக்கிறேன். ஷேது வணக்கம், எனது பெயர் ஷேது மோடி. நான் ஒரு எழுத்தாளர், இயக்குநர் மற்றும் எடிட்டர். கல்வித்துறையில், பற்பல பன்முகத்தன்மை இருக்க வேண்டுமென்பதை நான் ஒப்புக்கொள்கிறேன், அது உதவும் என்று நினைக்கிறேன். குறிப்பாக நான் ஏன் அப்படி சொல்கிறேன் என்றால், வெள்ளை கல்வியாளர்கள் நாம் அணுகக்கூடிய அதே மாதிரியான சமூகங்களை அல்லது ஒரே மாதிரியான முகநூல் குழுக்களை அணுகுவார்கள் என்று நான் நினைக்கவில்லை. எடுத்துக்காட்டாக, நான் பேஸ்புக்கில் உள்ள BIPOC TV மற்றும் திரைப்படக் குழுவின் ஒரு அங்கமாக இருக்கிறேன், அத்துடன் பொழுதுபோக்குக் குழுவில் தெற்காசிரியராகவும் இருக்கேன். நிச்சயமாக இந்தக் குழுக்கள் BIPOC மற்றும் தெற்காசிய மக்களுக்கானது, அதுமட்டுமல்லாமல் இவை இப்பிரிவினருக்கென்றே உள்ள பிரத்தியேகமான குழுக்கள், அதனால் அதிலுள்ள மக்கள் ஒரே மாதிரியாக இருப்பார்கள் மேலும் அவர்கள் சுதந்திரமாக உரையாடுவார்கள் என்று நான் நினைக்கிறேன். கல்வியாளர்கள் அனைவரும் வெள்ளையர்களாக இருப்பதால் அவர்கள் இக்குழுவில் பேசுவதை பற்றி அறிந்திருப்பார்கள் என்று நான் நினைக்கவில்லை - அவர்களுக்கு இக்குழுவில் பேசிக்கொள்வதை பற்றியோ அந்தரங்கமான விஷயங்களை பற்றியோ எதுவும் தெரியாது. [இசை மெல்ல மெல்ல ஓங்கி இசைக்கிறது] அலிஷா தெற்காசிய பாரம்பரியத்தைக் கொண்ட இரண்டாவது தலைமுறை கனடியனாக, "பழுப்பு" என்றால் என்ன என்று எனக்கு நானே அடிக்கடி கேட்டுக் கொள்கிறேன். வடக்கு ஆல்பர்ட்டாவில் இந்திய தாய் என்னை வளர்த்தார். அப்போது அவரைப் போலவே உள்ள எவரையும் அவருக்குத் தெரியாது. அதாவது, அறுபதுகளின் தொடக்கத்தில் பிரெய்ரிஸில் தெற்காசிய குடும்பங்கள் இல்லை. அந்தக் காலக்கட்டத்தில், பியரி ட்ரூடோ என்ற ஒரு துணிச்சலான கியூபெகோயிஸ் அரசியல்வாதி இருந்தார் - அவரைப் பற்றி நீங்கள் கேள்விப்பட்டிருப்பீர்கள் - அவர் தேசத்தையே மாற்றியமைத்தார். அவர் குடியேற்றக் கொள்கையை தளர்த்தி, கனடிய தேசிய அடையாளத்தில் பன்முக கலாச்சாரத்தை செருகினார். ட்ரூடோமேனியா நாட்டின் கலாச்சார நிலப்பரப்பை மாற்றியது. [பியரி ட்ரூடோ அவர்களுக்காக மக்கள் கூட்டம் ஆரவாரம் செய்யும் கிளிப்பின் இசை மெல்ல மெல்ல ஓங்கி இசைக்கிறது] இடதுசாரி மயக்கும் விதமாக இருந்தது, வலதுசாரி கண்களை சுழற்றியது. அந்த இளம் அரசியல்வாதியை அடிக்கடி இளைஞர் பட்டாளம் சூழ்ந்துக்கொள்ளும். கனடா - மரம் வெட்டுபவர்கள், விவசாயிகள் மற்றும் மீனவர்களின் நிலமாக மாறிக்கொண்டிருந்தது. என் அப்பா இந்தியாவில் பிறந்து வளர்ந்தவர். நியூயார்க்கில் தனது பட்டப்படிப்பை முடித்த பிறகு, அவர் என் அம்மாவைச் சந்தித்தார், அவர்கள் ஒட்டாவாவில் திருமணம் செய்து கொண்டனர், பிறகு நான் பிறந்தேன். என் அப்பாவிடம் அவருடைய குழந்தைப் பருவம் எப்படி இருந்தது என்று நான் கேட்டால், அது ஒருவித கனவு மாதிரி இருக்கிறதென்று கூறுவார். அவர் நைனிடாலில் உள்ள தங்கி படிக்கும் பள்ளிக்குச் சென்றார், நைனிடால் ஹிமாலயன் ரிசார்ட் நகரமாகும். டெல்லியில் உள்ள அவரது வீட்டிலிருந்து ஏழு மணி நேர கார் பயணம் செய்ய வேண்டும். அவர் ஹாக்வார்ட்ஸுக்குச் சென்றதாக எப்போதும் என்னிடம் கூறுவார். கிரேட் ஹால் அவரது பள்ளியில் உள்ளதைப் போலவே தெரிகிறது. எங்களுக்கு மீண்டும் செல்ல ஒரு வாய்ப்பு கிடைத்தால், நான் முதலில் பார்க்க விரும்பும் இடம் நைனிடால்தான். இதுதான் இரண்டாம் தலைமுறையாக இருப்பது பற்றிய விஷயங்கள் - நான் என் அப்பாவின் பிறந்த இடத்திலிருந்து நீக்கப்பட்டதாக இயற்கையாகவே உணர்கிறேன், ஆனால் அவ்விடத்தை பார்த்தாக வேண்டும் என்ற தீவிர ஆசை எனக்கு இருக்கிறது. புலம்பெயர்ந்தவர்களின் பிள்ளையாக இருக்கும் எவரும் இவற்றுடன் தன்னுடைய வாழ்வை தொடர்புப்படுத்தி பார்க்க முடியும் என்று நான் உறுதியாக நம்புகிறேன். [இசை மெல்ல மெல்ல மங்குகிறது] அலிஷா தெற்காசிய அனுபவம் ஒவ்வொருவருக்கும் வித்தியாசமாக இருக்கும். நாம் அனைவரும் தெற்காசியக்காரர்கள்தான், ஆனால் நாம் அனைவரும் நிச்சயமாக வெவ்வேறாகத்தான் நம்மை அடையாளப்படுத்திக் கொள்கிறோம். ஆனால் நம் அனைவர் மத்தியிலும் தொடர்புபடுத்தி பார்க்கக்கூடிய பொதுவான அனுபவங்கள் உள்ளன. எனக்கு பிற தெற்காசியர்களுடனும் பேச ஆசையாக உள்ளது, குறிப்பாக அவர்களின் குடும்பம் எப்படி தனிப்பட்ட வரலாற்றைப் பாதுகாக்கிறது என்பது பற்றிய சில வினோதமான விஷயங்களை பற்றி பேச ஆசையாக உள்ளது. உதாரணமாக, சமீபத்தில் என் அப்பா என்னிடம் சொன்னார், அவர் அதை முழுமையாக நம்பவில்லை என்று, ஆனால் அவரது சகோதரி இந்தியாவில் இருக்கும்போது தந்தையின் பிறந்த நாள் தவறு என்று என்னிடம் சொன்னார். அவரது பாஸ்போர்ட், தேதிகள் பொருந்தவில்லை. அவர் தனது உடன்பிறப்புகளுடன் சரியான நேரத்தில் பள்ளிக்குச் செல்லும் வகையில், அவரைத் தங்கிப்படிக்கும் பள்ளியில் சேர்ப்பதற்காக அவருடைய பிறந்த தேதியை மாற்றியிருக்கலாம். இது மிகவும் பொதுவாக நடக்கிற ஒரு விஷயம். இவ்விஷயத்தை டன் கணக்கானவர்கள் தங்களது வாழ்க்கையில் தொடர்புப்படுத்தி பார்க்க முடியும் என்று நான் நினைக்கிறேன். ஒலிவியா ஆம், நிச்சயமாக. இல்லை, என் தாத்தாவுக்கும் அப்படித்தான். அவரது மூன்று உடன்பிறப்புகளைப் போலவே அவருக்கும் பாஸ்போர்ட்டில் அதே பிறந்தநாள் இருப்பதாக நான் நினைக்கிறேன். எனவே அவர்கள் அனைவரும் அதே நாளில் பிறந்தவர்கள் போல் தெரிகிறது, ஆனால் நாம் சீக்கிரமே பள்ளிக்குச் செல்லலாம் என்ற காரணத்தினாலும் இருக்கலாம். ஷேது என் பாட்டி எப்போது பிறந்தார் என்பது கூட எங்களுக்குத் தெரியாது. அவர் 1914 ஆம் ஆண்டில் பிறந்திருக்கலாம் என நாங்கள் மதிப்பிட்டுள்ளோம். ஆனால் அவர் பிறந்ததற்கான எந்தப் பதிவேடும் இல்லை. எனவே, 2003-ல் அவர் இறந்தபோது, அவருக்கு வயது 89 என்று நாங்கள் நினைக்கிறோம். ஆனால் எங்களுக்கு உறுதியாகத் தெரியவில்லை. அலிஷா இந்தக் காலக்கட்டத்தில் என் அப்பாவின் படங்கள் இருப்பதாகக் கூறப்படுகிறது, ஆனால் நான் அவற்றைப் பார்த்ததில்லை. அப்படி அவர்கள் புகைப்படம் எடுத்திருந்தால், அவை மிகக் குறைவாகவே இருந்திருக்கும். அந்த நேரத்தில் முன்னுரிமைகள் பட்டியலில் புகைப்பட ஆவணங்கள் அதிகமாக இல்லை. எனவே என் அப்பா உண்மையில், அவரைச் சுற்றியிருப்பவர்களால் உருவாக்கப்பட்ட கதைகளின் விளைவால் பின்னடைவில் இருக்கிறார். இருப்பினும், நான் சிறுவனாக இருந்தபோது எனது நடனம் மற்றும் பியானோ வாசிப்புகள் அனைத்தையும் என் அப்பா வீடியோ எடுத்தது எனது இனிமையான நினைவில் இன்னும் இருக்கிறது. ஒவ்வொரு பிறந்தநாள் விழாவையும் ஒவ்வொரு குடும்ப விடுமுறையின்போதும், அவர் தனது நிகழ்ச்சி உரையாளர் குரலை இயக்கி, பெரிய மற்றும் சிறிய நிகழ்வுகள் அனைத்தையும் ஆவணப்படுத்துவார். எங்களது ஜேவிசி கேம்கோடர் அதன் சொந்த லெதர் பையில் நேர்த்தியாக ஃபிட் ஆகுவது குறித்தும் அவர் குறிப்பாகப் பெருமைப்பட்டார். என் அப்பா சமூக ஊடகத்தைப் பயன்படுத்தும் நபரல்ல, ஆனால் அந்த கேம்கோடர் நிச்சயமாக எங்கள் குழந்தைப் பருவத்தை எப்போதும் பத்திரப்படுத்தி வைக்கக்கூடிய வழியாக இருந்திருக்கிறது. வாய்ஸ் ஓவர் இப்போதுதான் டிரங்க் பெட்டியை பேக் செய்தோம். அன்று ஆகஸ்ட் 2003, நாங்கள் கல்கரியில் இருக்கிறோம். இது எங்கள் விடுமுறையின் இரண்டாவது நாள், நாங்கள் பாறைகள் நிறைந்த மலைகள் வழியாக வாகனத்தை ஓட்டி செல்வோம். நாங்கள் நெடுஞ்சாலை ஒன்றில் வான்கூவருக்குச் சென்றுக் கொண்டிருக்கிறோம். ஓட்டிச்செல்வதற்கு 10 மணிநேரம் ஆகும் என நம்புகிறோம். இது வெயில் அடிக்கும் அழகான நாள். மேகங்கள் எதுவும் இல்லை. அலிஷா என் அப்பாவைப் போலல்லாமல், என் அம்மாவிடம் ஆல்பங்கள் உள்ளன, அவரது குழந்தைப் பருவத்திலிருந்தே ஆல்பங்கள் இருக்கின்றன. நான் அவற்றைப் பார்க்கும்போதெல்லாம், அவர் நான் வளர்ந்த கனடா போலல்லாமல் மிகவும் வித்தியாசமாக காணப்படும் ஒரு கனடாவில் வளர்ந்தவர் என்பதை உள்மனம் நினைவுபடுத்துகிறது. புத்தக அலமாரியில் நேர்த்தியாக வைக்கப்பட்டுள்ள அந்தப் புகைப்படங்கள் இன்ஸ்டாகிராமில் இன்று நூற்றுக்கணக்கான லைக்குகளைப் பெறுவதைப் பார்க்கும்போது வித்தியாசமாக இருக்கிறது. த்ரோபேக் தேர்ஸ்டே, யாருக்காவது தெரியுமா? மக்கள் இப்போதும் அவ்வாறு செய்கிறார்களா? சஹாஜ் கோஹ்லி, இவர் புலம்பெயர்ந்த பிள்ளைகளுக்கான முதல் மற்றும் மிகப்பெரிய மனநல சமூகமான பிரவுன் கேர்ள் தெரபியின் நிறுவனர். நீங்கள் அவரை IG @browngirltherapy என்ற முகவரியில் காணலாம். இளைய தலைமுறைகள் மற்றும் தெற்காசிய புலம்பெயர்ந்தோர் இன்று சமூக ஊடகங்களை எவ்வாறு பயன்படுத்துகிறார்கள் என்பது பற்றி நாங்கள் பேசினோம். இதில் லைக்குகளை பெறுவதை விடவும் வேறு பலவும் உள்ளன. சஹாஜ் இருகலாச்சார மற்றும் பல்கலாச்சார மக்கள், இருகலாச்சார பண்புமாற்றம் என்று அழைக்கப்படுவதை நாங்கள் தொடர்ந்து அனுபவித்து வருகிறோம். எனவே நாங்கள் இரண்டு அல்லது அதற்கு மேற்பட்ட கலாச்சாரங்கள் கொண்டவர்களுடன் ஒரு நிரந்தரமான பேச்சுவார்த்தைப் போரில் இருக்கிறோம். எனவே நம்மைச் சுற்றி இருக்கக்கூடியவர்கள் ஒரு அடையாளம், ஒரு கலாச்சாரம், நாம் எப்படி பார்க்கப்பட வேண்டும், உணரப்பட வேண்டும் என்று நாம் நினைக்கும் விதத்தில் வெளிப்படையாக பாதிப்பை ஏற்படுத்துவர். மனிதர்களாகிய நாம் அனைவரும் ஏதோ ஒரு விஷயத்தால் தூண்டப்படுகிறோம், இல்லையா? சாதனைகள் மூலம் நாம் உற்சாகமடைகிறோம். சக்தியால், மாற்றத்தால் தூண்டப்படுகிறோம். ஆனால் பல கலாச்சாரங்கள் மற்றும் அடையாளங்களை கடந்து செல்லும் நம்மில் பலரைப் பொறுத்தவரையில், நாம் இணைந்திருப்பதாலும் உற்சாகமடைகிறோம். நம்மில் பலர் நான் சொன்னது போல வீடுகளில் வளர்ந்திருக்கிறோம், நாம் சில வழிகளில் செயல்பட வேண்டும் என்று எதிர்பார்க்கிறோம், சில விழுமியங்களை நிலைநிறுத்த வேண்டும் மற்றும் நமது கலாச்சாரம் அல்லது வரலாற்றின் பகுதிகளை மறைக்க வேண்டும் என்று எதிர்பார்க்கிறோம், ஏனென்றால் பள்ளியில் நம்மை பிறர் கிண்டல் செய்வதை விரும்பவில்லை, மேலும் இந்த ஆன்லைன் தளங்களில் இணைந்திருப்பது தேவையாக உள்ளது. எல்லோருடனும் சேர்ந்திருக்கும் உணர்வைப் பெற, நாம் அனைவரும் இதை ஏற்றுக்கொள்ள வேண்டும். சமூக ஊடங்களில் எனக்கு மிகவும் பிடித்த ஒரு விஷயம் இருக்கிறது - நிச்சயமாக அதில் நல்லது கேட்டது இரண்டும் இருக்கிறது. இளைய தலைமுறையாக நான் மிகவும் ரசித்த ஒரு விஷயம் கலாச்சாரம் மற்றும் அடையாளத்தால் இயக்கப்படும் சமூகங்களின் இந்த வருகை. எனவே இந்த சமூகங்கள் மக்களை குறைந்த மட்டங்களில் ஆராய அனுமதிக்கின்றன. இதில் அடையாளம் வெளியே தெரியாமல் இருப்பதற்கு சாத்தியக்கூறுகள் உள்ளன, கருத்துத் தெரிவிக்காமலும், ஈடுபடாமலும் இருப்பதற்கான சாத்தியக்கூறுகள் உள்ளன, ஆனால் மற்றவர்களின் உரையாடல்கள், உள்ளடக்கம், ஆதாரங்களைப் பார்த்து, எது எனக்கு பொருத்தமானது? இது என்னை எப்படி உணர வைக்கிறது? இது நன்றாக இருக்கிறதா? இதுபோன்ற உரையாடல்களில் நான் அதிகம் கலந்துக்கொள்ள வேண்டுமா? உண்மையில் எனக்கும் இதற்கும் தொடர்பில்லையா? இது உண்மையில் நமக்கு தனிப்பட்ட முறையில் மிகவும் தெளிவை கொடுக்கிறது, மேலும் நமது அடையாளங்களுடன் நாம் எவ்வாறு தொடர்பு கொள்கிறோம் மற்றும் நாம் யார் என்பதை மீட்டெடுப்பதன் அர்த்தம் என்ன என்பதைப் பிரதிபலிக்க அனுமதிக்கிறது. எனவே இணைவதற்கான நமது தேவை நம்மைப் போலவே தோற்றமளிக்கும், நம்மைப் போலவே பேசும், நம்மைப் போலவே அனுபவங்களைப் பகிர்ந்து கொள்பவர்களைக் கண்டுபிடிக்க நம்மைத் தூண்டுகிறது. மேலும் சமூக ஊடகங்களை நான் காண்கிறேன், நமது தகுதியை வளர்த்துக் கொள்ளவும், நம்மை நாமே நங்கூரம் போட்டுக்கொள்ளவும், நாம் யார், நாம் யாராக இருக்க விரும்புகிறோம் என்பதற்கு இந்த பல விதமான சமூக ஊடங்கள் ஒரு அழகான வழியாக இருக்கும் என்று நான் நினைக்கிறேன். [இசை மெல்ல மெல்ல ஓங்கி இசைக்கிறது] ஒலிவியா கடந்த சில ஆண்டுகளுக்கு முன்புதான் நான் பெரியவரானேன், நான் பாதி தெற்காசியராக இருப்பதால், எனது தெற்காசிய பாரம்பரியத்தைத் தழுவுவது எனக்கு மிகவும் முக்கியமாக இருக்கிறது. என் அம்மா தெற்காசியர், என் அப்பா ஆங்கிலேயர் மற்றும் ஐரிஷ் பூர்வீகத்தைப் போன்ற வெள்ளையர். வளருகையில், நாங்கள் எப்போதும் இந்திய கலாச்சாரத்தையே பெரிதும் பின்பற்றினோம். கோவிலுக்குச் செல்வது, எல்லா வகையான பாரம்பரியங்களையும் கொண்டாடுவது, என் பாட்டியுடன் சேர்ந்து பூஜை செய்வது என எனது முழு வாழ்நாளையும் கழித்தேன். நான் பார்ப்பதற்கு வெள்ளையரைப் போலவே தோற்றமளிக்கிறேன், எனது பெயரும் ஒலிவியா என்ற வெள்ளையர் பெயர்தான். ஆனால் எனது டுவிட்டர் பக்கத்தில், எனது அடையாளத்தை மேலும் வெளிப்படுத்துவதற்காக நடுப்பெயரை எனது டுவிட்டர் பெயரில் வைத்திருக்கிறேன், ஏனெனில் இதனை எனது அடையாளத்தின் முக்கியமான பகுதியாக கருதுகிறேன். என்னைப் பொறுத்தவரை, அது எனது சக பணியாளர்களாக இருந்தாலும் சரி, எனது நண்பர்கள், வேறு யாராக இருந்தாலும் சரி, அவர்கள் என்னில் ஒரு பகுதியை அங்கீகரிப்பதை முக்கியமாக நான் கருதுகிறேன். எனது ஆதாரங்களின் அடிப்படையில் கூட. அதனால்தான் எனது முழுப் பெயரையும் எனது டுவிட்டர் பயோவில் வைத்துள்ளேன். [இசை மெல்ல மெல்ல ஓங்கி இசைக்கிறது] அலிஷா இது ஒரு பெரிய விஷயமாகத் தெரியவில்லை, ஆனால் சமூக ஊடக தளங்களில், குறிப்பாக டுவிட்டர் ஒரு பத்திரிகையாளராக நாம் எப்படி நம்மை முன்வைக்கிறோம் என்பதை குறிப்பிட்ட நோக்கத்துடன் தேர்ந்தெடுப்பது ஒரு விதமான தொழில்முறை காப்பகமே. வருங்கால முதலாளிகள் நம்மைப் பார்ப்பார்கள், கடந்த கால சகாக்கள் நமது வேலையைப் பற்றிய அவ்வப்போதைய தகவல்களை அறிந்த நிலையில் இருப்பார்கள் எல்லாத்துக்கும் மேலாக நாம் அனைவரும் வெவ்வேறு வார்த்தைகளில் ஒரே விஷயத்தைச் சொல்லும் இந்த மாபெரும் மெய்நிகர் வாழ்க்கை அறையில் இருக்கிறோம். டுவிட்டரில் எங்களின் காலக்கெடு தற்காலிகமானது என்றாலும், நம் கணக்குகளில் நாம் பகிரும் விஷயங்கள் ஒரு காப்பகமாகவும் மாறும். நான் சமூக ஊடகங்களை தனிப்பட்ட காப்பகக் கருவியாகப் பயன்படுத்துகிறேன். இன்ஸ்டாகிராம் நமது தனிப்பட்ட வரலாறுகளை ஆவணப்படுத்துவதற்கான ஒரு கருவியாக இருக்கிறது, அணுகக்கூடிய வகையில் நமது வம்சாவளியை மீட்டெடுக்கும் இடமாகவும் மாறிவிட்டது என்று நினைக்கிறேன். அலிஷா தி பிரவுன் ஹிஸ்டரி போட்காஸ்ட், சீக்கியக் காப்பகம், லாஸ்ட் ஹியர் ப்ராஜெக்ட் போன்ற சமூக ஊடகக் கணக்குகளும் தொடர்ந்து அதிகரித்து வருவதாக நான் நினைக்கிறேன். இந்த வகையான அனைத்து சமூக ஊடக கணக்குகள் மற்றும் பாட்காஸ்ட்களில் உள்ள தீம் என்னவென்றால், அவர்களின் தெற்காசிய அனுபவத்தை மீண்டும் சொல்வதே, ஆனால் ஆயிரக்கணக்கான இளைய தலைமுறை மூலம் சொல்லப்படுகிறது. தெற்காசிய புலம்பெயர்ந்தோர் மிகவும் பன்முகத்தன்மை கொண்டவர்களாக இருப்பதால், இது இந்தளவு எட்டியுள்ளது, இந்த கணக்குகள் புதிய மற்றும் அணுகக்கூடிய வழிகளில் நமது வளமை மிக்க வரலாறுகளை ஆவணப்படுத்துகின்றன. தற்போது இது ஏன் மிகவும் முக்கியமான விஷயமென்று நீங்கள் நினைக்கிறீர்கள்? சஹாஜ், ஒவ்வொரு ஓரங்கட்டப்பட்ட சமூகமும் தற்போது இந்த மாதிரிதான் இருக்கிறது என்று நான் நினைக்கிறேன், அங்கு நாம் யார் என்பதை மீட்டெடுக்கிறோம், இல்லையா? அதாவது, இது கடந்த காலத்துக்கு சென்று பழங்குடியின மக்கள் அவர்களின் நிலம் மற்றும் கலாச்சாரங்கள் மற்றும் அவர்களிடமிருந்து எடுக்கப்பட்ட மக்களை பற்றி கூறும். ஆனால் இப்போது நாம் ஒரு அரசியல் மற்றும் சமூக தருணத்தில் இருக்கிறோம் என்று நினைக்கிறேன், இதில் ஒவ்வொரு தலைமுறையும், இசட் ஜெனரேஷனை பார்த்தோமென்றால் கூட, அவர்களும் அவர்கள் யார் என்பதை மீட்டெடுக்க விரும்புகிறார்கள், சமூக நீதிக்காக போராடுகிறார்கள், சமூக வாதத்திற்காக போராடுகிறார்கள், இதிலும் அடையாளம், கலாச்சாரம் மற்றும் சமூகம் தானாகவே சம்பந்தப்பட்டிருக்கிறது. பெரிய சமூக ஊடகப் பின்தொடர்பவர்களைக் கொண்ட ஒரு இளைய தலைமுறையாக, அதுவும் முக்கியமாக பிற இளைய தலைமுறையாக, நான் சொல்லும் ஒரு விஷயம் என்னவென்றால், நமது பொது சமூகம் அல்லது முன்னோர்களின் துல்லியமான வரலாறுகள் ஒருபுறம் இருந்தாலும், காலனித்துவம், உறுதியான ஆதாரங்கள் இல்லாமை, நமது சொந்த குடும்பங்களுக்குள்ளேயே உள்ள வாய்மொழி கதைகளை கூட அணுக இயலாமை போன்ற காரணங்களால் நம்மில் பலருக்கு நம்முடைய சொந்த வரலாறுகளை அணுக முடியவில்லை என்பதை நிதர்சனமாக பார்க்கிறேன். நீங்கள் பெயரிட்ட இந்தக் கணக்குகள், நமது மூதாதையர்களைப் பற்றி அறியவும், நாம் எங்கிருந்து வருகிறோம் என்பதை உணரவும், நமது சொந்த தலைமுறைகளுக்கு இடையே நிகழ்ந்த பாதிப்பு அல்லது தலைமுறைகளுக்கு இடையேயான கதைகளைப் புரிந்துகொள்ளவும் ஒரு வழியை ஏற்படுத்தி கொடுக்கிறது. நம் சொந்த சமூகம் மற்றும் கலாச்சாரத்தில் உள்ள மக்களிடையே பல நூற்றாண்டுகளாக சொல்லப்பட்டு வரும் கதைகள், அதுவே - இந்த வார்த்தையை நான் தொடர்ந்து பயன்படுத்தி, நமது அடையாளத்தை மீட்டெடுக்கிறேன். ஆனால் அதுதான் நாம் தேடும் மிக சக்தி வாய்ந்த விஷயம். நமது என்ற எண்ணம் மற்றும் புரிதல் உணர்வு என்ற நிலைக்கு அது இட்டுச்செல்கிறது. அதனால் பலரும் நாம் புலம்பெயர்ந்துள்ளோம் என்று உணர்கிறோம். எனவே இந்தக் கணக்குகள் நிறைய நமக்கு ஏதாவது ஒரு வகையான இணைப்பு மற்றும் பிடிப்பைக் கொடுக்கின்றன. இது மிகவும் சக்தி வாய்ந்தது என்றும் நான் நினைக்கிறேன். [இசை மெல்ல மெல்ல ஓங்கி இசைக்கிறது] அலிஷா எழுதப்பட்ட வரலாற்றில், பத்திரப்படுத்த எழுதி வைக்கப்பட்டவற்றில் நமக்கு அந்தளவு கவனம் இல்லை. எனவே, ஒருவரின் ஆயுட்காலம் தெரியாதது அவ்வளவு அபத்தமான விஷயமல்ல. எனது பாட்டி, எனது நோனி, கங்கை நதிக்கு சென்று, எனது தாத்தாவின் ஆஸ்தியை நதியில் கரைத்து விட்டு, குகைக்கு செல்வேன் என்று என்னிடம் சொல்லியிருக்கிறார். அந்தக் குகையில் ஒரு மனிதர் இருந்தாராம். அவரிடம் 1000 பக்கங்கள் உயரம் கொண்ட மாபெரும் புத்தகம் இருந்ததாம். அந்தப் புத்தகத்தில் அங்கு கடந்து செல்லும் அனைவரின் பதிவும் இருக்குமாம். அது ஒரு விதமான குறிப்பு புத்தகமாம். அவருடைய பரம்பரை அல்லது அவரது கடைசிப் பெயரை உறுதிப்படுத்திக் கொள்ளும் வழியாக அவர் அதை கண்டார், பல தசாப்தங்களுக்கு முன்பு தங்கள் சாம்பலை கரைக்க இவரை போன்ற பிற மக்களும் இங்கு வந்திருக்கிறார்கள். அதுவே அவருக்கு மிகவும் நெருக்கமானது போல் இருந்தது, இதற்கு முன்பு இங்கு வேறு குடும்பம் இருந்தது. மேலும் இதை நினைத்துப் பார்க்கவே விசித்திரமாக இருக்கிறது. உங்களுக்கும் அப்படிதான் இருக்குமென்று நினைக்கிறேன், புனித நீரின் நடுவில் நின்றுக்கொண்டு தனது கணவரின் புகழ் ஓங்கி இருப்பதைப் பற்றி யோசித்துப் பார்ப்பது. குறிப்பு பதிவுகள், குறிப்பாக நமது தாத்தா பாட்டி தலைமுறையின் குறிப்பு பதிவுகள் மிகவும் துண்டு துண்டாக இருக்கிறது. இளம் தலைமுறையினர் நம் சொந்த முன்னோர்களின் காப்பகங்களை உருவாக்குகின்றனர். நாம் அதை சமூக ஊடகங்கள் மூலம் முதன்மையாக்குகிறோம் என்று நினைக்கிறேன். ஏதேனும் ஒரு குறிப்பிட்ட வழியில் நம்மை பற்றியும் நம் அடையாளங்களை பற்றியும் காப்பகத்தை உருவாக்குகிறோம் என்று தெரிந்தே நீங்கள் ஏதேனும் வழியில் அவ்வாறு செய்கிறீர்களா அல்லது நீங்கள் அவ்வாறு காப்பகப்படுத்துகிறீர்கள் என்று உங்களுக்குத் தெரியாமலேயே ஏதேனும் வழியில் அவ்வாறு செய்கிறீர்களா? ஒலிவியா நீங்கள் சமூக ஊடகங்களில் இதை எங்களிடம் குறிப்பிட்டுள்ளீர்கள் என்று நினைக்கிறேன். உங்களுக்குத் தெரியுமா, இன்ஸ்டாகிராமில் கூட, காப்பக செயல்பாடு இருக்கிறது. எனவே நாம் பொதுவாக ஒரு இடுகை பதிவிட்டால் கூட, அது நமது வாழ்வின் காப்பகத்தை உருவாக்குகிறது. இடுகைகளை காப்பகப்படுத்தும்போது, அவை பழையதாக இருந்தால், அவற்றை எனக்கு மட்டும் வைத்துக் கொள்கிறேன். மேலும் இது என் வாழ்க்கையின் கடந்த சில வருட வரலாறாக இருக்கும் என்று நினைக்கிறேன். ஷேது ஆம், நான் ஒத்துக்கொள்கிறேன். சமூக ஊடகம்—90கள் மற்றும் 2000களில் எனது குடும்பத்தின் முழு வீடியோக்களையும் காப்பகப்படுத்தினேன். எனவே... ஆமாம், ஒரு காப்பகத்தை உருவாக்குவது என்பது—இது அனைவரும் அணுகக்கூடிய காப்பகம் போன்றது அல்ல. ஆனால், புலம்பெயர்ந்த குடும்பமாக நாம் எப்படி இந்த நூற்றாண்டிலும் இறுதி வரையிலும் எப்படி வளர்ந்தோம், வாழ்ந்தோம் என்பதற்கான பதிவு போல இருக்கும். [இசை மெல்ல மெல்ல ஓங்கி இசைக்கிறது] அலிஷா பொதுவாக சமூக ஊடகங்கள் இப்போது முற்றிலும் சுய விஷயங்களை வெளிப்படுத்துவதற்கும், அணிதிரளுவதற்கும் மற்றும் எதிர்ப்பைக் காட்டுவதற்குமான ஒரு வழியாக இருக்கிறது. இன்ஸ்டாகிராமில் உள்ள புலம்பெயர் கலை சமீப ஆண்டுகளில் புகழ் பெற்றது, மேலும் இது ஒரு புதிய இயந்திரமாகவும் பொதுவாக சமகால செயல்பாட்டின் பண்பாகவும் மாறியுள்ளது. பாரம்பரியமாக ஆக்கிரமிக்கப்படாத இடத்தை ஆன்லைனில் எடுத்துக் கொள்ளும் பல நிறமுடையவர்களின் சக்தியைப் பயன்படுத்துவதன் மூலம் ஆழ்ந்த ஈடுபாட்டிற்கான நுழைவுப் புள்ளியாக இது செயல்படுகிறது. நீங்கள் நினைத்தால் ஒவ்வொரு சமூக தளமும் ஒரு காப்பக கருவியாக இருக்கும் என்று நினைக்கிறேன். எனது சாதனங்களிலும் இப்போது கிளவுடிலும் சேமித்து வைத்திருக்கும் ஆயிரக்கணக்கான நினைவுகளில் பெரும்பாலானவை கடந்த கால கிளவுட் இல்லாத நினைவூட்டல்கள். அல்காரிதம்கள் இந்தப் படங்களை வெளியிடும்போது, நேரம் மற்றும் இடம் பற்றிய எனது உணர்வு திசை திரும்புகிறது. வெளிப்படையான காரணங்களுக்காக, குறிப்பாக COVID பரவலில் இச்சூழல் பெரிதும் நிலவியது. தொற்றுநோய் பரவலை வெல்ல, நம்மில் பெரும்பாலோருக்கு கிட்டத்தட்ட எங்கும் செல்ல வேண்டிய தேவை இல்லாமல் போனது. காலம் உருவமற்றதாகிவிட்டது. கடந்த பல ஆண்டுகளாக, பல செயலிகள் தங்களுடைய சொந்த அம்சங்களைச் சேர்க்கத் தொடங்கியுள்ளன, அவை தானாகவே அவர்களின் டிஜிட்டல் வரலாறுகளை மக்களுக்கு நினைவூட்டுகின்றன. நிச்சயமாக ஃபேஸ்புக், இதில் செல்வாக்கு மிக்கதாய் திகழுகிறது. பழைய புகைப்படங்கள் மற்றும் இடுகைகளை மக்கள் அடிக்கடி திரும்பிப் பார்ப்பதைக் கவனித்த பிறகு, ஃபேஸ்புக் 2015 ஆம் ஆண்டில், 'இந்த நாளில்' என்ற அம்சத்தைத் தொடங்கியது. இரண்டு ஆண்டுகளுக்கு முன்பு அல்லது ஏழு ஆண்டுகளுக்கு முன்பு எடுத்த புகைப்படத்தை கூட மீண்டும் பார்வையிட்டு, அதை மறுபகிர்வு செய்ய அறிவிப்புகள் உங்களைத் தூண்டுகின்றன. 2016 ஆம் ஆண்டில், iOS 10 வெளியீட்டின் மூலம் Apple அதன் புகைப்படங்கள் செயலியில் நினைவுகள் தாவலைச் சேர்த்தது. மூன்று ஆண்டுகளுக்குப் பிறகு, பக்கத்தின் மேலே பழைய புகைப்படங்களைக் காட்டும் அம்சத்தை கூகுள் சேர்த்தது. இதன் பெயர்-அதற்காக காத்திருங்கள்-நினைவுகள். [இசை மங்கி, மீண்டும் ஒலிக்க ஆரம்பிக்கிறது] அலிஷா சரி இப்போது க்வில்லிம் சகோதரிகளைப் பற்றி பார்க்கலாம். அவர்கள் பார்வையிட்ட தெரு சந்தைகளைக் குறிக்க முடிகிறது என்று கற்பனை செய்து பாருங்கள். ஒரு சிறிய தருணத்தை கற்பனை செய்து பாருங்கள், நாம் கிளவுடை அணுகுகிறோம், அதில் புகைப்படங்களும் எழுதப்பட்ட பொருட்களும் ஆராய்ந்து பிரித்தெடுத்து விளக்கும் வகையில் அடுக்கி வைக்கப்பட்டுள்ளது. இந்த அதிகப்படியான தனிப்பட்ட தரவுகளை நமது கிரிட்டுகளிலும் நமது டைம்லைன்களிலும் ஆவணப்படுத்துவது நமது கதையைச் சொல்வதற்கான ஒரு வழியாகும் - அல்லது குறைந்தபட்சம் நமது கதையின் ஒரு பகுதியையாவது அது சொல்லும். க்வில்லிம் திட்டம் போன்ற கடந்த கால காப்பகப் பொருட்கள் இன்று மீண்டும் சொல்லப்பட்டால் அல்லது மீண்டும் கற்பனை செய்யப்பட்டால் என்னவாகும்? அது எப்படி இருக்கும்? இந்த சூழலில், இந்திய வரலாற்றின் இந்தச் சிறிய துணுக்கைப் பற்றி நாம் பேசும்போது கூட தெற்காசியக் குரல்களுக்கு முன்னுரிமை அளிக்கப்படுவதை எப்படி உறுதிப்படுத்துவது? நம்மைப் பற்றிய விஷயங்களில் உலகம் எதைப் பார்க்க வேண்டும், நம்மைப் பற்றி என்ன சிந்திக்க வேண்டும் என்று நாம் விரும்புகிறோமோ அவ்விதம் நீங்கள் நானும் அவற்றை எளிதாக நிர்வகித்திட முடியும். அதே போல, எனது இந்திய பாரம்பரியம் மற்றும் எனது இந்திய வம்சாவளியைப் பற்றி அந்த நூற்றாண்டுகளுக்கு முன்பு அவற்றைக் காண முடிந்த சில சிறப்பு நபர்களின் மூலம் மட்டுமே புரிந்து கொள்ள முடியும். இப்போது நாம் தயாரிக்கும் தகவல்களின் ஆழம், எதிர்காலத்திற்காக அவற்றைப் பாதுகாக்கும் திறனை விட அதிகமாக உள்ளது. பாரம்பரியமாக, நூலகர்கள் மற்றும் ஆவணக் காப்பாளர்கள் வரலாற்றைக் காப்பவர்கள். அவர்கள், டிஜிட்டல் வரலாற்றாசிரியர்களுடன் சேர்ந்து, நவீன பாதுகாப்பில் உள்ள சவால்களை இன்னும் புரிந்து கொள்ள முயற்சிக்கின்றனர். ஆனால் சொல்லப்படாத கதைகளும் இருக்கிறது என்பதை நாம் எவ்வாறு உறுதிப்படுத்துவது? இத்தொடர்கள் வாயிலாக, அதைத்தான் நாம் முயற்சி செய்து கண்டுபிடிக்கப் போகிறோம். [இசை மங்கி, மீண்டும் ஒலிக்க ஆரம்பிக்கிறது] அலிஷா நீங்கள் தொலைந்து போன குரல்களை கேட்டதற்கு நன்றி: இது தெற்காசிய புலம்பெயர்ந்தோரின் சொல்லப்படாத கதை. இப்பாட்காஸ்ட்டை வழங்கியது மெக்கில் பல்கலைக்கழகம். எடிட்ஆடியோவுடன் இணைந்து தயாரித்து, இதனை உங்களுக்கு தொகுத்து வழங்குவது நான், அலிஷா. அனா, ரிச்சர்ட், ஸ்டெஃப், லாரன், சோஃபி, கனிகா, விக்டோரியா, ஒலிவியா, ஷெது, சஹாஜ் மற்றும் பிறருக்கு எங்களின் சிறப்பு நன்றியைத் தெரிவித்துக் கொள்கிறோம். எங்கள் அடுத்த தொடரில், க்வில்லிம் திட்டம் எப்படி மதிப்புமிக்க ஆராய்ச்சியாக முதல் இடத்தில் மாறியது என்பதையும், வரலாற்றைப் பற்றிய நமது புரிதலுடன் மதிப்பு ஏன் பிணைக்கப்பட்டுள்ளது என்பதையும் பற்றி பேசுவோம். அலிஷா எங்கள் அடுத்த தொடரில், க்வில்லிம் திட்டம் எப்படி மதிப்புமிக்க ஆராய்ச்சியாக முதல் இடத்தில் மாறியது என்பதையும், வரலாற்றைப் பற்றிய நமது புரிதலுடன் மதிப்பு ஏன் பிணைக்கப்பட்டுள்ளது என்பதையும் பற்றி பேசுவோம்.